Consulter un ORL est indispensable
L’impression que le sol se dérobe, que tout tourne autour de soi comme si l’on était au centre d’un manège… Cette sensation de vertige, un Français sur sept déclare en avoir a déjà souffert. Ces symptômes, qui occasionnent près de 300 000 consultations par semaine, sont très souvent le signe d’un dysfonctionnement de l’oreille interne.
Du simple tournis à d’autres désagréments plus importants tels que nausées, vomissements ou maux de tête, les troubles de l’équilibre peuvent être très handicapants et rendre la position debout et toute activité impossibles. Les causes sont multiples, mais, dans 70 % des cas, l’origine du malaise se trouve au niveau du système vestibulaire, l’organe de l’équilibre situé dans l’oreille interne.
A la manière de gyroscopes, les oreilles internes aident à maintenir la position debout. La partie vestibulaire (ou labyrinthique) de l’oreille interne est composée de trois canaux en demi-cercle, situés sur trois plans de l’espace : plan horizontal, plan postérieur, plan vertical. Ceux-ci contiennent un liquide dans lequel se trouvent des cristaux microscopiques, composés de carbonate de calcium : les otolithes. Leur position renseigne le cerveau sur les mouvements de la tête et du corps. Celui-ci analyse toutes les informations de mobilité qui lui sont transmises en permanence par des capteurs sensoriels et réagit en adaptant la posture, en dépit des changements de position ou des mouvements, afin de maintenir l’équilibre.
Les principaux systèmes récepteurs sont la vision, la proprioception (récepteurs cutanés et profonds) et, surtout, le système vestibulaire, autrement appelé oreille interne.
Consulter un ORL est indispensable
« Lorsqu’une personne vient me consulter pour des vertiges, ce qui arrive quotidiennement, témoigne Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des médecins spécialisés en oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale (SNORL), je procède à un bilan complet : à la fois vestibulaire et auditif, mais aussi neurologique. Il faut compter au moins une heure pour établir le diagnostic. »
L’ORL commence par interroger le patient pour connaître exactement les circonstances au cours desquelles ses troubles se manifestent. Leur durée et leur fréquence, les symptômes qui peuvent y être associés, comme des acouphènes, des nausées ou une baisse (voire une perte) de l’acuité auditive d’une oreille, sont des renseignements précieux pour orienter le diagnostic. Le spécialiste fait ensuite exécuter certains mouvements spécifiques : se tenir debout avec les pieds joints, marcher les yeux fermés, etc. Il examine les oreilles, bien sûr, et évalue l’audition, mais aussi les yeux, « qui sont le miroir de l’oreille ».
Les examens suivants se déroulent dans l’obscurité : à l’aide de lunettes infrarouges et d’un logiciel qui analyse les réactions de l’œil, le spécialiste étudie le nystagmus, un mouvement d'oscillation involontaire et saccadé du globe oculaire, présent dans 85 % des cas, car « les yeux peuvent compenser une défaillance de l’oreille », précise le docteur Klein. « J’examine toutes les paires crâniennes*, afin de rechercher d’éventuelles lésions au niveau du nerf facial ou ophtalmique, notamment. » Le médecin dispose également d’un fauteuil de diagnostic, dans lequel il tourne le patient dans tous les sens pour provoquer les vertiges et les confirmer. De l’eau chauffée à 42 °C, puis à 32 °C, est en outre injectée dans le conduit auditif, une oreille après l’autre, l’ORL observant les réactions du patient. Parfois, il peut être amené à demander l’avis d’autres spécialistes et des examens complémentaires comme une IRM ou un scanner.
Le vertige paroxystique bénin, le plus fréquent
« Les deux oreilles doivent donner des indications similaires. Si les informations diffèrent d’une oreille à l’autre, le symptôme est une perte de l’équilibre, explique Jean-Michel Klein. Il s’agit alors probablement du grand vertige rotatoire, ou vertige positionnel paroxystique bénin, le symptôme le plus fréquent, dû à l’agglutination des otolithes. » Mais il peut y avoir d’autres causes, d’où la batterie de tests effectuée par l’ORL. La maladie de Ménière, par exemple, engendrée par une hyperpression de l’oreille interne, occasionne des vertiges pouvant durer de vingt minutes à plus de vingt-quatre heures et souvent accompagnés de signes caractéristiques : sensation d’oreille bouchée, acouphènes. Une inflammation du nerf vestibulaire (qui transmet l’influx nerveux au cerveau), causée par un virus, peut également entraîner des vertiges violents, associés à des nausées et à des vomissements. Ils se déclenchent dès que l’on bouge la tête et clouent le malade au lit. Une seule oreille est touchée par l’inflammation, et c’est cette asymétrie qui est responsable des symptômes.
Médicaments et rééducation
Des médicaments permettent de soulager la crise, notamment des anti-nauséeux et des calmants. Un traitement de fond peut être prescrit ensuite en fonction du type de vertiges. Parfois, lorsque les crises sont trop invalidantes, une hospitalisation s’avère nécessaire.
Pour traiter les vertiges paroxystiques bénins, l’ORL réalise une manœuvre thérapeutique (dite manœuvre libératoire) afin de disperser les otolithes. La névrite vestibulaire (l’inflammation du nerf), elle, est traitée par des médicaments, mais aussi par des séances de rééducation qui ont pour but de compenser le dysfonctionnement du nerf touché. Ces dernières habituent le cerveau à utiliser davantage d’autres systèmes impliqués dans l’équilibre (vue, proprioception). En cas de maladie de Ménière, enfin, le traitement médicamenteux prolongé donne généralement de bons résultats.
* Il existe douze paires de nerfs crâniens. La lésion d’un nerf peut par exemple se traduire par des troubles de l’oculomotricité ou par la paralysie d’une partie du visage. NDLR.